IDEXX SDMA
Cas clinique SDMA : Noa
Utilisation de la SDMA dans le suivi de la maladie rénale chronique

Patient :
Noa, chatte européenne stérilisée âgée de 14 ans.
Motif de la consultation :
Noa est présentée à la consultation régulièrement pour un double suivi : maladie rénale chronique et surveillance d’une éventuelle récidive de carcinome vésical in situ dont l’exérèse a été réalisée un an auparavant. Une maladie rénale chronique a en effet été diagnostiquée l’année précédente sur la base d’une créatininémie élevée (35 mg/L, la valeur usuelle (VU) supérieure de l’analyseur étant 24 mg/L). A cette époque, l’analyse urinaire a révélé une densité urinaire < à 1,020, sans protéinurie associée (RPCU <0,2). Cette maladie rénale était alors associée à une infection (ECBU positif et imagerie en faveur d’une pyélonéphrite). Une alimentation spécifique rénale avait été mise en place, et du Telmisartan (SEMINTRA®) associé à un traitement antibiotique avaient été administrés. Un nouvel ECBU avait confirmé la guérison au bout de 6 semaines. Noa a repris du poids et ses propriétaires ont noté qu’elle buvait moins.
Examen clinique :
Noa est alerte, en bon état général. Noa n’est pas déshydratée. On ne note pas de souffle cardiaque ni d’anomalie du fond d’œil.
Examens complémentaires
Un bilan d’exploration de contrôle complet est effectué : Numération Formule Sanguine complète (NFSc), bilan biochimique incluant IDEXX SDMATM, ionogramme, analyse d’urine complète et T4 totale.
Concernant les paramètres rénaux, seules la concentration de SDMA 22 μg/dl (VU : 0-14) et la densité urinaire à 1,028 sont anormales (VU<1,035). Le cholestérol est légèrement augmenté (3,42 g/L VU<3,29) , et la spec fpl est dans la limite supérieure de l’intervalle de référence (3,5 μg/L VU<3,5). Ces paramètres seront à recontrôler ultérieurement. Tous les autres paramètres sont dans les valeurs usuelles. La SDMA est augmentée, témoin de la diminution du débit de filtration glomérulaire. La densité urinaire est diminuée, signe que le rein a des difficultés à concentrer les urines.
La créatininémie est quant à elle égale à 21mg/L(VU : 8-24). Elle se situe dans les limites supérieures des VU de la créatinine données par l’analyseur utilisé pour la mesure. Des traces de protéines sont visibles sur la bandelette. Un RPCU, plus fiable, permet de quantifier la protéinurie qui est considérée comme négative (0,2 <VU 0,33).
La pression artérielle systémique de Noa est satisfaisante (< à 150 mmHg en systole). Voir ci-contre, annexes 1 et 2.
Diagnostic
Noa est atteinte de maladie rénale chronique. Selon la classification de la maladie rénale chronique (MRC) de l’International Renal Interest Society (IRIS), Noa est donc placée en stade 2 après avoir été en stade 3 pendant les quelques mois consécutifs au diagnostic de la tumeur vésicale et de la pyélonéphrite. Noa est non protéinurique, et non hypertensive.
La valeur de SDMA est supérieure à 14 mais inférieure à 25. Cela indique a priori qu’il n’y a pas de sous-estimation du stade par la créatinine comme cela peut être le cas lors de la diminution de la masse musculaire sur les animaux souffrant de maladie chronique.
L’échographie abdominale n’a pas révélé d’anomalie morphologique des reins ni de récidive tumorale.
Il n’y a pas non plus de récidive infectieuse.
Traitement et suivi
Il a été conseillé de poursuivre l’alimentation spécifique rénale qui avait été mise en place, ainsi que le traitement à base de Telmisartan (SEMINTRA®).
Un contrôle bi annuel est conseillé.
Rapports du patient
Tableau - annexe 1
Discussion
La fonction rénale de Noa est anormale mais s’est améliorée avec les traitements mis en place. Le dosage de SDMA associé à celui de la créatininémie permet d’affiner le pronostic.
Conclusion
Un bilan rénal complet, comportant une biochimie, NFS, ionogramme et analyse urinaire, est conseillé lors du suivi de la maladie rénale chronique. Un bilan biochimique complet permet de vérifier l’absence de pathologies concomitantes, fréquentes chez les animaux âgés. La numération formule sanguine est fréquemment modifiée (anémie normochrome normocytaire non régénérative souvent présente lors de maladie rénale chronique). Le ionogramme comporte également souvent des anomalies qu’il est important de détecter (hypokaliémie par exemple). Enfin, l’analyse urinaire est incontournable lors du suivi des maladies rénales chroniques (DU et protéinurie à contrôler).
La créatinine est issue de la créatine, produite par le métabolisme musculaire. Par conséquent, la créatinine diminue quand l’animal perd du muscle (2).
La SDMA est un biomarqueur plus fiable que la créatinine car non influencé par la perte de la masse musculaire. Les animaux atteints de MRC maigrissant fréquemment (en moyenne la perte de la masse musculaire précède de 1 à 3 ans le diagnostic de la maladie rénale chronique) (1), il est donc d’autant plus intéressant d’avoir un marqueur rénal non influencé par cette amyotrophie.

Dr Caroline LEGER
CEAV de médecine interne
CES d'ophtalmologie
Clinique ALLIANCE VET (Plessis Trevise).

Dr Véronique MENICHETTI
DVM, Responsable formation et communication scientifique IDEXX
Titulaire du CES de Biochimie et Hématologie Cliniques Animales.
Références bibliographiques
- Evaluation of Weight Loss Over Time in Cats with Chronic Kidney Disease. FREEMAN (LM) Journal of Veterinary Internal Medicine. 2016
- Relationship between lean body mass and serum renal biomarkers in healthy dogs. Hall JA, Yerramilli M, Obare M, Yerramilli M, Melendez LD, Jewel DE. J Vet Intern Med. 2015;29(3):808–814