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Interview du Dr Sophie LESSON

Vétérinaire à la clinique LES VET à Rosny sous-bois

 

Pourriez-vous me présenter votre structure et votre équipe en quelques mots (localisation, activité principale, nombre de salariés vétérinaires/ASV, spécialité) ? 

Notre clinique vétérinaire est située dans la région parisienne proche couronne. Nous exerçons en canine pure. La patientèle est composée de chiens, chats et NAC. Notre équipe est composée de 3 ASV et 4 vétérinaires à temps plein. Nous sommes surtout des généralistes, nous pratiquons des actes de chirurgie et de médecine générale courants. Mais nous essayons d’être les plus pointus possibles par notre formation, notre investissement en matériel et le dialogue que nous établissons avec les spécialistes dont les vétérinaires conseils de notre laboratoire partenaire. Même si aucun vétérinaire de l’équipe n’est spécialiste, chacun est libre de développer ses compétences dans un domaine dans lequel il se sent à l’aise pour ensuite partager ses connaissances avec les confrères. Cela apporte un plus à l’équipe et cela participe à la bonne ambiance de travail au sein de la structure. En consultation, il nous arrive souvent d’échanger entre nous devant les propriétaires pour adopter la meilleure stratégie diagnostique.
Personnellement, je suis sortie de l’école en 2002 et, dès que j’ai rejoint la structure en 2007, j’ai choisi de m’investir en imagerie et en échographie en particulier. J’ai eu la chance de suivre le module de CEAV de médecine interne consacré à la cardiologie, cela m’a permis d’acquérir les bases et les bons réflexes. Cet enseignement m’a donné envie de pratiquer encore un petit peu plus et d’être plus attentive à l’appareil cardio-vasculaire quand j’examine un animal malade ou qui vient à l’occasion de son bilan annuel de santé.  

Combien de chats voyez-vous en consultation par jour ?

Les journées sont très inégales mais lorsqu’on est 3 vétérinaires à consulter on doit voir 25 chats par jour, chirurgie de convenance comprise.

Parmi les produits innovants commercialisés par le laboratoire IDEXX, vous avez référencé le SNAP feline proBNP. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi et depuis combien de temps vous l’utilisez ?

Dès la sortie du test quantitatif au laboratoire (Cardiopet proBNP), nous avons commencé à envoyer nos prélèvements afin de réaliser ce dosage car pour le vétérinaire, c’est un vrai plus dans la démarche diagnostique, qu’on soit ou non à l’aise en cardiologie et, pour le propriétaire, ça rend les choses beaucoup plus concrètes. Dès lors que le test rapide SNAP feline proBNP a été commercialisé, nous l’avons référencé car c’est simple, pratique et rapide, avec un résultat disponible pendant la consultation. Cela ne nous empêche pas de continuer à envoyer le dosage au laboratoire en complément car l’aspect quantitatif est essentiel pour suivre la cinétique et affiner le pronostic.

Dans quelles indications ou situations cliniques l’utilisez-vous ? Lesquelles sont les plus importantes pour vous ? 

L’une des principales indications du test est la détection d’un souffle chez un chat de manière fortuite lors d’une vaccination. Dès qu’on prononce le mot souffle, les propriétaires ont parfois très peur, pour eux c’est une mauvaise nouvelle. Je leur explique que cela n’est pas forcément synonyme d’affection cardiaque et que si on veut être rassuré, on peut leur proposer de faire le test.
Je l’utilise aussi dans le contexte du chat qui arrive avec des symptômes comme des difficultés respiratoires ou de la toux pour infirmer ou confirmer l’hypothèse d’affection cardiaque. 
Il m’arrive aussi de le proposer parmi le panel d’examens complémentaires lorsque j’ai une suspicion de thromboembolie entraînant une paralysie flasque.  

Avez-vous un cas pour lequel le SNAP a fait la différence ? Qu’a-t-il apporté ?

Nous suivons un chat qui présente un souffle cardiaque persistant mais sans aucun autre symptôme. Tous les ans, à l’occasion du bilan annuel de santé, je réalise un dépistage à l’aide d’un test SNAP feline proBNP pour contrôler l’évolution de ce souffle et anticiper l’apparition d’une affection cardiaque. Ainsi, on est sûrs de ne pas passer à côté de quelque chose d’important le jour où il se positivera. Le cas échéant, on proposera, entre autres, la réalisation d’une échocardiographie. Cela permettra de vérifier l’opportunité de mettre en place un traitement et de choisir le plus adapté à la situation. Les propriétaires sont rassurés car ils savent qu’à ce jour des investigations complémentaires ne sont pas nécessaires. 

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée lorsque vous proposez la réalisation d’une échocardiographie à un propriétaire de chat ?

C’est un examen pour lequel on aime bien prendre notre temps. Cela nécessite une organisation particulière : on les planifie le matin hors consultation, on préfère hospitaliser l’animal quelques heures de telle façon que si le chat est un peu agacé, il a le temps de s’habituer à l’environnement de la clinique. Mais les propriétaires sont toujours un peu réticents à l’idée de nous laisser leur animal car c’est stressant pour eux. Donc, même si les chats sont peu manipulables ou peu patients, nous nous assurons que l’examen est bien justifié avant de le réaliser. Ainsi, dans notre équipe de médecins généralistes, le test SNAP feline proBNP qui est facile à effectuer, très peu invasif et peu onéreux, est systématiquement proposé en amont. Cela permet à l’équipe vétérinaire de temporiser et de programmer l’examen d’imagerie sereinement. L’échocardiographie n’est jamais une urgence. Les propriétaires acceptent facilement le test rapide car ils ne doivent pas laisser l’animal à la clinique, il est fait avec eux, ils ont le résultat immédiatement et on peut discuter de la suite sans délai. Si bien que, dans notre clientèle, dès lors qu’on a un test positif, les propriétaires sont convaincus qu’il y a un souci, que l’échocardiographie n’est plus une option et qu’elle se justifie pleinement. 

Dans un contexte d’espacement des rappels vaccinaux, comment le SNAP peut-il vous aider à motiver vos propriétaires à réaliser un bilan de santé annuel ?

J’essaie de commencer à proposer aux propriétaires de chat présentant un souffle un dépistage annuel à l’aide du test. Le cœur de notre métier et l’une de mes priorités, c’est de dépister. S’il y a des symptômes c’est presque déjà trop tard. Notre rôle est avant tout de savoir dépister, d’informer, d’éclairer et de proposer. Même si les examens complémentaires ne sont pas systématiquement acceptés, il faut présenter les possibilités qui existent à nos clients, quelle que soit la taille de la structure vétérinaire ou sa localisation géographique. Si personne ne leur propose, ils ne peuvent pas le deviner. Nous avons la chance de bénéficier d’innovations constantes en médecine vétérinaire pour améliorer la qualité de vie de nos animaux, il faut que le propriétaire puisse en profiter lui aussi. Dans le domaine particulier qu’est la cardiologie, les propriétaires font beaucoup d’anthropomorphisme, ils sont assez réceptifs.

Quelles sont vos recommandations pour les confrères ?

De l’utiliser ! Rires (NDLR : « on va croire que je vous ai soudoyé pour dire ça »).
Plus sérieusement, je n’ai jamais eu de refus de la part des propriétaires, même dans le cas où l’animal a l’air d’aller parfaitement bien malgré son souffle. Les propriétaires sont contents et rassurés, ils acceptent facilement ce genre d’examens. Je n’ai vraiment aucune barrière à l’utiliser et je pense même ne pas l’utiliser assez. Certains propriétaires investissent beaucoup dans leur animal et ils s’attendent à ce qu’on leur propose des tests performants susceptibles de sauver leur animal.